[Article Fédér’Action n°8]
Utilisation des réseaux sociaux à des fins commerciales. Attention au mélange des genres.
Les médias sociaux sont désormais intégrés dans les stratégies commerciales des professionnels du secteur financier. Fort de ce constat, le collège de supervision de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) vient d’adopter une recommandation visant à encadrer l’utilisation des médias sociaux à des fins commerciales.
L’Autorité rappelle en cela que les règles applicables aux communications diffusées sur les autres médias s’appliquent naturellement aussi aux médias sociaux.
La nouvelle recommandation vise les seuls contenus diffusés par les professionnels ainsi que par les salariés ou dirigeants mandataires sociaux autorisés à communiquer au nom ou pour le compte du professionnel. Les communications dites d’image ou de notoriété (valorisation de la marque) ainsi que les échanges privés ne rentrent pas dans le champ de la recommandation.
Est utilement précisé que « la responsabilité des personnes est susceptible d’être engagée par les contenus qu’elles diffusent sur les médias sociaux, y compris lorsqu’elles relaient tout ou partie de contenus publiés initialement par des tiers. Sont ainsi visées les techniques de partage de contenus, notamment le retweet ».
Le flou autour des pratiques
Soucieuse d’éviter tout risque d’insécurité juridique qui ferait peser, in fine, la responsabilité sur les salarié-e-s, notre fédération est intervenue en amont sur la notion de personnels « autorisés à communiquer au nom et pour le compte du professionnel ». L’étude des éléments transmis par les militants de nos secteurs (qu’ils soient tous ici chaleureusement remerciés pour leur contribution) a montré qu’un flou existait : en effet, de nombreuses structures -banques, assurances, sociétés financières ou de courtage- encouragent sans détour leurs salariés à faire usage des médias sociaux pour promouvoir les offres et services de leur établissement… sans qu’aucune autorisation formelle, expresse ou nominative ne leur soit pour autant délivrée. Interrogée sur ce point, l’ACPR* a répondu qu’elle considérerait toute forme d’incitation des établissements comme valant autorisation, engageant ainsi la responsabilité desdits établissements.
A condition, en cas de litige, de pouvoir prouver qu’il y a bien eu encouragement par l’entreprise de la démarche de communication sur les médias sociaux.
Si la recommandation s’affirme comme une mesure de droit souple, non contraignante donc, la prudence reste néanmoins de rigueur. Le meilleur conseil consiste à ne pas faire usage de ses profils privés à des fins professionnelles et commerciales, et inversement. En ne faisant pas la promotion de produits ou services financiers sur vos profils privés, vous êtes assurés de ne jamais être soumis au contrôle de l’ACPR sur les réseaux sociaux.
*L’ACPR : Autorité administrative indépendante adossée à la Banque de France, l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution est en charge de l’agrément et de la surveillance des établissements bancaires et d’assurance dans l’intérêt de leurs clientèles et de la préservation de la stabilité du système financier.
Pour consulter le texte intégral de la recommandation
http://acpr.banque-france.fr/fileadmin/user_upload/acp/publications/registre-officiel/20161116-Reco_2016-R-01_medias_sociaux.pdf