Le nouveau dispositif de mobilité bancaire, prévu pour permettre aux clients de changer de banque plus facilement et plus rapidement, est entré en phase de rodage le 6 février. Retour sur cette première période aux résultats contrastés.
Si du côté patronal, aucun dysfonctionnement notable n’est à signaler, un autre son de cloche remonte doucement de la base, des strates opérationnelles et commerciales, et vient pour le moins nuancer l’auto-satisfecit général, quelques semaines après l’entrée en vigueur de cette disposition issue de la loi Macron.
Rappelons qu’à travers la signature d’un simple mandat de mobilité, le client donne aujourd’hui à la banque d’arrivée la capacité de rapatrier toutes ses opérations récurrentes (virements et prélèvements) sur son nouveau compte. Au-delà de l’implication décisive de la banque d’arrivée, le système de transmission automatisé (via SEPA mail) mobilise également la banque de départ (laquelle fournit à la nouvelle banque la liste des opérations récurrentes et la liste des formules de chèques remises au client mais non encore débitées), ainsi que l’ensemble des créanciers et débiteurs qui sont tenus de modifier dans leurs systèmes d’information les coordonnées bancaires de leur relation sur sollicitation de la nouvelle banque du client.
Cette phase de rodage sera sans doute riche en enseignements. Les pouvoirs publics sont sur le qui-vive et veillent à ce que le dispositif fonctionne effectivement, et qu’il ne soit pas émaillé d’incidents ou caution à de mauvaises pratiques.
Bugs techniques ou freins commerciaux ?
Les difficultés signalées à l’heure où nous écrivons se concentrent sur plusieurs grands réseaux (BNPP, SG, Boursorama, la Banque Postale…) ou sur certains périmètres géographiques, comme à la Réunion par exemple. Sont notamment pointés les retours de mandats refusés systématiquement par la banque de départ. Il est difficile à ce stade de savoir si ce biais est lié à un dysfonctionnement dans les échanges informatiques interbancaires, ou à une volonté de rétention de la part des établissements. A contrario, au Crédit Agricole et au LCL, cela semble plutôt bien fonctionner. Le recul est encore insuffisant sur le volet inhérent au traitement et à la bonne prise en compte des demandes de modification de domiciliation auprès des créanciers et des débiteurs.
Un dispositif qui va trop loin, ou pas assez loin ?
Si certaines banques traditionnelles ont vu d’un très mauvais œil l’arrivée de cette réforme dictée par l’Europe, d’autres établissements ont en revanche bien l’intention d’en profiter pour tirer leur épingle du jeu. Les consommateurs pointent de leur côté l’imperfection d’un dispositif à minima, certes gratuit, mais qui ne concerne que les opérations portées au compte de paiement. Dans le viseur des associations de consommateurs : les clauses de domiciliation de revenus (crédit immobilier), les frais de transfert relatifs à certains produits d’épargne (PEA, PEL…) ou l’impossibilité parfois avancée de pouvoir clôturer le compte à vue constituent autant de freins qui nuisent et réduisent le champ de la mobilité bancaire, telle qu’ils la conçoivent.
En tout état de cause, le taux de mobilité bancaire n’est pas nécessairement un indicateur de bon aloi pour apprécier l’activité des établissements, à l’heure où, sur le marché extrêmement concurrentiel de la banque de détail, les enjeux de fidélisation clientèle deviennent cruciaux.